« Comprenez moi bien : je ne céderai devant nulle menace…qu’elle émane de vous ou de quiconque. »

Lucius naquit fermier, sous le joug de l’occupation étrangère. Dès son plus jeune âge, il rejoignit la résistance et y démontra toute l’étendue de son génie tactique. Il se lia d’une profonde amitié avec le prince Whtyr Pendagron, dernier héritier légitime du trône de Camelot; prenant conjointement la tête des rebelles, tous deux parvinrent à bouter les forces de l’Ancien Empire hors de Camelot. Anobli par Whtyr, Lucius tient aujourd’hui du symbole, celui des idéaux chevaleresques de dur labeur et d’indépendance. Durant la bataille contre l’engeance, il se replia en abandonnant dans les bras de la mort le roi Whtyr Pendagron et les gardes des ombres. Il s’en retourna ensuite à Camelot, s’autoproclama roi devant la reine Anora et déclara la guerre à la magie. Ses actes provoquèrent une guerre civile. Les partisans de Lucius se retrouvaient aux prises avec leurs voisins qui reprochaient à Lucius la mort du roi ou cherchait tout simplement à profiter de ce trône laissé vacant. Hélas pour eux, tous ceux qui contestaient le roi ont été mis à mort sur le champ. Lucius mis à prix la tête des Gardes des ombres, en prétextant qu’ils avaient trahis le roi Whtyr. Heureusement, une minorité de gens étaient persuadés du contraire.

Voilà déjà cinquante ans que le premier enclin faisait rage. Le monde était en proie au chaos d’un dieu perverti, dans le silence obstiné des autres dieux. Les rares écrits datant de cette époque que nous avons retrouvés sont emplis de désespoir, car tous, des plus grands seigneurs aux plus humbles esclaves étaient persuadés que la fin du monde était arrivée. La forteresse de Camelot fut le théâtre d’une réunion, celle de chevaliers, de vétérans qui n’avaient connu de leur vivant que guerres et tourments. Ils quittèrent Camelot après avoir renoncé à leur serment envers le royaume. Ce n’était plus des soldats; ils devinrent les touts premiers gardes des ombres. C’est ainsi qu’ils se lancèrent dans une campagne agressive contre l’Enclin, à attaquer où l’on ne faisait jusque-là que se défendre, à conquérir des terres que l’on croyait perdues. L’enclin était loin d’être terminé, mais leurs victoires firent de grands bruits; bientôt, tout le royaume se portait à leur aide. Leur nombre et leur réputation s'accrurent. Enfin ils affrontèrent l’Archidémon ( un dieu - dragon, commandant un enclin ), Darken, durant la bataille des Champs silencieux. Le nord du royaume y perdit un tiers de ses armées, mais Darken tomba et les engeances se replièrent sous terre. Toutefois, les gardes des ombres étaient loin d’avoir terminé leurs offices. Même si maintenant il ont été bannis de Camelot; l’engeance est de retour, un nouvel enclin se prépare. Leur lutte n’a jamais cessée, surtout depuis qu’ils soupçonnent le roi Lucius d’être sous l’emprise d’un Archidémon.

Nul ne sait d’où proviennent les engeances. Ces parodies d’humains prolifèrent telle une infestation de sauterelles dans les endroits les plus sombres. Elles font souvent des captifs qu’elles tirent vivants jusque dans les tréfonds, pour les dévorer comme le feraient les araignées. Peut-être sont-elles simplement le fruit des ténèbres. Toujours est-il que cette malédiction n’a guère de difficulté à se perpétuer. L’enclin actuellement ravageant le monde, fut déclaré durant la guerre de la magie à cause de Lucius. Une fois encore, ce fut au cœur des basses terres qu’il apparut pour se propager dans tout le royaume. Le fléau s’étendit jusqu’aux portes de Camelot, mais la dévastation, la perversion des terres ne faisait que commencer. Heureusement pour nous, les gardes des ombres refirent surface, ralliant à leur cause de preux chevaliers, prêts à défendre leur royaume des ténèbres pullulant.

Jadis existait sur la côte de la Mer d’écume un minuscule village de pêcheurs, dont l’Ancien Empire réduisait les habitants en esclavage et les vendait sur les marchés, n’épargnant que les vieillards et les infirmes. Parmi les captifs, la jeune enfant Andrasté. Elle grandit donc esclave en une contrée lointaine, puis un jour parvint à s’échapper et entreprit seule un long et périlleux voyage pour retrouver sa terre natale. D’esclave, elle devint femme d’un seigneur de Camelot. Chaque jour, elle élevait aux dieux un chant pour les implorer d’aider les siens, restés esclaves à l‘Ancien Empire. Les faux dieux des montagnes et des vents ne daignaient lui répondre, mais le dieux véritable vint à elle. Le Créateur parla, il lui montra tout ce qu’il avait fabriqué de sa main : le monde et toutes les créatures qui le peuplaient. Il lui fit voir que les hommes l’avaient oublié; qu’ils adoraient idoles muettes et démons, et qu’il les avait abandonnés à leur sort. Mais sa voix mélodieuse lui était parvenue et l’avait à ce point ravi qu’il lui offrit une place à ses cotés, en souveraine de la création.

Mais Andrasté ne pouvait se résoudre à abandonner son peuple. Elle supplia la Créateur de revenir parmi ses enfants, de les sauver du cruel Empire. A contrecœur, le Créateur accepta de donner à l’homme une seconde chance. Andrasté s’en retourna auprès de Maférath, son époux, et lui répéta tout ce que le Créateur lui avait révélé. Ensemble, ils rallièrent Camelot et marchèrent sur les seigneurs de l’Ancien Empire, le Créateur à leurs côtés.

L’épée du Créateur était la création elle-même : feu et inondation, famine et tremblement de terre. Partout où ils allaient, Andrasté répandait la bonne parole du Créateur et les disciples d’Andrasté ( entre autre, les premières prêtresses ) se faisaient de plus en plus nombreux, jusqu’à devenir une véritable marée qui sur déversait sur l’Ancien Empire. Mais lorsque que Maférath s’aperçut que toute l’attention était portée sur Andrasté, le serpent de la jalousie enserra son cœur.

Enfin, les armées d’Andrasté et de Maférath parvinrent aux portes de l’Ancien Empire, mais Andrastré n’était pas avec eux. En effet, Maférath avait livré en secret Andastré à l’Empire; en contrepartie, le roi lui donnait toutes les terres au sud de la Mer d’écume. Ainsi donc, devant toutes les armées, Andrastré fut attachée sur un bûché et brûlée vive tandis que son époux ici-bas faisait détourner les yeux de son armée, car son cœur avait été dévoré. Mais en contemplant le bûcher, le roi fut pris de pitié pour Andrastré. Il dégaina son épée et lui offrit la miséricorde d’une mort rapide.

La créateur pleura la mort de sa bien-aimée, maudit Maférath, maudit la trahison de l’humanité et se détourna à nouveau de sa création en n’emmenant avec lui qu’Andrasté. Depuis lors, notre Dame siège à ses cotés et l’exhorte inlassablement d’avoir pitié de ses enfants.

Une seule personne assista à la trahison de Maférath : Cailan Merwin. Ami d’enfance de Maférath, il avait accompagné son chef à la rencontre de l’Ancien Empire sans se douter de ce qui se préparait. Lorsqu’il comprit que Maférath comptait sacrifier Andrastré, Cailan, peu disposé à croiser les armes avec son ami, se plaça entre Andrastré et les soldats ennemis. Ces derniers le passèrent par le fer et Maférath le laissa pour mort. Grièvement blessé, Cailan se traina jusqu’au porte de l’Ancien Empire pour empêcher l’exécution. A son arrivée, le martyre avait déjà été perpétré, les armées de Camelot s’étaient depuis longtemps dispersées. Maudissant sa faiblesse, le visage inondé de larmes, Cailan collecta les restes d’Andrasté qui avaient été laissés aux quatre vents. Quand ses doigts touchèrent le tas de cendres, ses oreilles s’emplirent d’un chant et il vint lui apparaître Andrasté, vêtue d’un habit d’étoiles. Elle s’agenouilla à ses cotés et lui dit : « le Créateur ne t’oubliera jamais tant que je te porterai en ma souvenance. » Le chant pris fin et la vision avec lui. Cailan était seul, mais ses plaies avaient guéri. Sa force retrouvée, Cailan pris les cendres de notre Dame, les enfermèrent dans une urne et les rapporta dans un lieu sacret, Avalon . Il est dit que ses cendres peuvent guérir n'importe quel maux et si quelqu'un venait à verser son sang dessus, il se verrait attribuer un pouvoir incommensurable ainsi que le don d'immortalité. Les seules à savoir où cette urne se trouve sont les prêtresses, après tous c'est normal, elle la cache depuis tant d'année.

A l’origine, mages et sorciers ne considéraient pas la magie du sang comme une école magique à part entière, mais plutôt comme un moyen de parvenir à augmenter la puissance de toute magie. Si elle porte ce nom, c’est bien évidemment parce qu’elle utilise la vie, plus précisément le sang. Les sorciers avaient ainsi coutume de conserver des esclaves, dont-ils utilisaient le sang pour lancer des sorts qui dépassaient leurs capacités. Au fil du temps, l’empire découvrit divers sorts que seul le sang rendait possibles. Le sang lui permettait de trouver l’esprit assoupi d’autrui, de pénétrer dans ses rêves et même d’influencer voire dominer ses pensées. Pire encore, la magie du sang permet d’ouvrir totalement le Voile pour permettre aux démons de s’engouffrer physiquement dans notre monde. La guerre de la magie a quasiment éradiqué la magie du sang; c’est indéniablement un bienfait, car elle représente un danger tout aussi grand pour qui la pratique que pour le reste du monde.